Eglise Saint-Germain

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La page présente :

• Un dessin de l’église,
• Une photo intérieure, 
• Notre-Dame dite « du bon retour », vierge déhanchée du quatorzième siècle en pierre des carrières du Mesnil-le-Roi, retrouvée en 1775 lors de la reconstruction de l’église actuelle, fut installée à cette place actuelle en 1868.
• Un haut-relief, très belle copie du XXe siècle de l’œuvre emblématique de la cathédrale de Parme due à Benedetto Antelami.

Carte du livre : D

Adresse : 4, Place Charle de Gaulle

Vous pouvez ajouter des commentaires en bas de page.

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Cette chaire a été offerte par Louis XIV,  en 1710. Elle vient de la première chapelle du château de Versailles, et a été envoyée ici suite à la construction de l’actuelle Chapelle Royale, tandis que l’église Saint-Vigor de Marly a bénéficié de son maître autel, encore en place. Elle était peinte en blanc, bleu et or. Le lion est plutôt un lion Médicis, couché, que celui de Saint Marc, il pose en effet sa patte sur une boule. (Voir ci-dessous)

Les fresques d’Amaury-Duval constituent un ensemble remarquable par leur unité leur étendue, et leur nombre 50. Eugène Pineu-Duval dit Amaury Duval, élève d’Ingres et marqué lors de son voyage en Italie par Fra Angelico et Raphaël, les réalisa entre 1849 et 1857.(Voir ci-dessous)

Saint Erembert éteignant les flammes d’un incendie et saint Léger bénissant ses bourreaux. (Voir ci-dessous)

Notre-Dame dite « du Bon Retour » est une statue du XIVe siècle en pierre polychrome découverte en 1766 lors des travaux de démolition de l’église du XVIIe siècle, restaurée par Eugène Millet. (Voir ci-dessous)

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Sujet	Historique de la paroisse Saint-Germain
Lien	Aucun
Origine	Texte de Jean Claude Pelletier
	Les Amis du Vieux Saint-Germain
Date de révision	04/10/2023

HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-GERMAIN

Les 4 églises

Depuis sa création au XI° siècle, la paroisse Saint-Germain a toujours été étroitement liée à la royauté, devenant même pendant plusieurs siècles une véritable paroisse royale, même si le château royal disposait de la merveilleuse Sainte Chapelle qui en est encore un des plus beaux ornements. Certes, c’est le Second Empire qui a achevé la construction de notre église actuelle, mais l’histoire des quatre églises Saint-Germain successives se décline au rythme des décisions de certains des principaux rois de France.

Tout commence en 1028.

I- Le Prieuré de Saint-Germain

Au début du XI° siècle, le plateau sur lequel se dressent aujourd’hui le château, l’église et le centre-ville de Saint-Germain en Laye était désert et recouvert d’une épaisse forêt fort giboyeuse, en dehors des quelques « loges » des fabricants de charbon de bois et, probablement, d’une petite chapelle Saint Gilles, dont on ignore l’emplacement exact et qui dépendait probablement de l’église Saint Léger, sise alors approximativement là où se situe de nos jours le Musée du Prieuré, église de la petite agglomération de Feuillancourt, blottie autour du Ru de Buzot. Le plateau était inhabité pour la bonne raison de l’absence d’eau. La vie se concentrait alors autour de la bourgade d’Aupec, sur la Seine.

En 1028, le roi ROBERT le Pieux, probablement coutumier des chasses dans la forêt, décide de fonder un Prieuré à l’emplacement de notre église actuelle. Pourquoi cette création ? Aucun texte ne permet de deviner les raisons de ce choix, qui peut apparaître curieux, mais qui va s’avérer déterminant, puisqu’il est à l’origine de notre ville. Une inscription sur une plaque de marbre, à l’entrée du chœur de l’église rappelle cette création :

« En la forêt de Laye, au XI° siècle, le roi connu sous le nom de Robert le Pieux érigea une abbaye qui fut ensuite confiée avec succès aux moines de Saint Colomban et bénéficia des faveurs royales. Celle-ci, par privilège du Pape Alexandre III séjournant à Paris, fut canoniquement déclarée « nullius » et fut longtemps florissante. »

Le Prieuré, dont la fondation s’inscrit dans le vaste mouvement de constructions d’édifices religieux qui suit le « terrible an mil », est dédié à Saint Germain, évêque de Paris au VI° siècle, fondateur à Paris de l’église Saint Vincent, ancêtre de l’église Saint Germain des Près. La communauté des moines, qui demeurera toujours modeste, est composée de six moines, placés sous l’autorité d’un prieur. En 1060, le prieuré est rattaché à l’abbaye bénédictine de Coulombs, fondée en 715 dans la vallée de l’Eure. Placé à la frontière des évêchés de Chartres et de Paris, le prieuré courrait le risque d’être l’objet d’un conflit entre ces deux diocèses, dès lors que, avec la création du château royal par LOUIS VI le Gros au XII° siècle et l’expansion de la bourgade, sa richesse croissait sensiblement. C’est pourquoi en 1163, une bulle du Pape ALEXANDRE III le déclara nullius, c’est-à-dire indépendant des deux diocèses concurrents et le rattacha définitivement à Coulombs, dont l’abbé devenait curé du prieuré et nommait un vicaire pour le représenter, en principe le prieur.

La dizaine de moines attachés au prieuré ont défriché la forêt et construit un monastère assez vaste, avec un cloitre. Ils ont creusé un puits afin de posséder leur propre source d’eau. Ce puits existe encore aujourd’hui dans la cour du presbytère, mais son accès est évidemment condamné par le pavage de la cour.

La construction du château royal, à partir de 1124, va renforcer les pouvoirs du prieur, qui obtient du roi de France un véritable pouvoir temporel : droits de haute, moyenne et basse justice, puis, en 1261, droit de fourches patibulaires (le gibet) sur le village. Il dispose donc de l’ensemble des droits seigneuriaux sur Saint Germain en Laye, y compris le droit de peine capitale par pendaison.

Le prieuré occupe donc alors une place prépondérante dans la vie de la jeune cité. Le maire est nommé par le prieur et prête serment devant celui-ci de garantir les biens des villageois, d’assurer la police et de contrôler les mesures. Il s’engage à lever les droits seigneuriaux au profit du prieur. Les moines sont sollicités pour intervenir dans différents services, en particulier dans la chapelle du château, construite par Philippe-Auguste puis saint Louis, puis à l’Hôtel Dieu fondé par Regnault d’Archer au début du XIII° siècle.

Si le XIII° siècle marque indiscutablement l’apogée de la prospérité du prieuré, le début du XIV° siècle marque déjà une amorce de déclin, due sans doute à une diminution des vocations. Mais la catastrophe finale intervient avec les débuts de la guerre de Cent Ans. En effet, en 1346, le roi d’Angleterre EDOUARD III débarque en Normandie et lance immédiatement une expédition dévastatrice le long de la Seine. Il atteint Poissy rapidement puis lance une troupe, confiée à son fils de 16 ans, Edouard, surnommé le « Prince Noir », vers Saint-Germain en Laye. Le château est occupé, puis incendié, ainsi que toute la petite ville, y compris la totalité du prieuré. Les troupes anglaises vont quitter la région détruite pour participer à la funeste (pour les Français) bataille de Crécy.

L’église sera reconstruite, le prieuré subsistera, sans moine à partir de la fin du XV° siècle, jusqu’en 1708. Le curé de Saint-Germain conservera le titre, purement symbolique, de prieur jusqu’à la Révolution.

II- « L’église de Charles V »

Après avoir vaincu les Anglais, avec l’aide de son connétable Bertrand DU GUESCLIN, le roi CHARLES V entreprend de doter la France et en particulier l’Île de France d’une ceinture de forteresses, dont le château de Vincennes et la Bastille. Il décide également de reconstruire le château de Saint-Germain en Laye, dont seules la chapelle et quelques tours ont échappé à l’incendie de 1346.

On attribue également à Charles V le financement de la construction de la seconde église Saint-Germain, une église de style gothique, en pierre, alors que la chapelle-église du prieuré était probablement en bois, avec un toit de chaume. L’église de Charles V, qui a totalement disparu, tourne alors le dos au château, sa façade étant orientée vers l’ouest et la cité de Saint-Germain en Laye et donc le chœur tourné vers l’est et le lever du soleil, conformément à la tradition.

Nous ne connaissons cette église que par des gravures largement postérieures à sa construction.

Avec l’accroissement de la population de la ville, dû à la présence royale de plus en plus fréquente dans les châteaux de Saint-Germain et à une cour de plus en plus nombreuse, l’église est agrandie à plusieurs reprises au cours des siècles, de façon à accueillir les paroissiens. En 1555, le prieur cède une partie de ses terrains pour augmenter la taille de l’église, qui reçoit en 1559 deux cloches, une pour chacun des clochers. En 1573, c’est la construction d’un bas-côté, financé par le roi CHARLES IX.

En 1638, par un acte daté du 10 février, le Roi LOUIS XIII place le Royaume de France sous la protection de la Vierge Marie. La France est en effet en danger, envahie au nord et menacée au sud par les troupes impériales et espagnoles. Une autre raison évoquée serait l’annonce de la grossesse de la Reine qui allait donner naissance, enfin à un héritier de la couronne, Louis Dieudonné, le 5 septembre suivant. C’est le 15 août 1638 qu’il prononce ce vœu à Abbeville, au cœur des combats face à l’envahisseur. Une plaque de marbre évoque ce vœu sur un des piliers du chœur. Ce vœu a été illustré par une remarquable peinture de Philippe de CHAMPAIGNE, le grand peintre du règne.

Saint VINCENT de PAUL est signalé à plusieurs reprises à Saint-Germain en Laye. Il est notamment appelé au chevet du roi LOUIS XIII mourant les 23 et 24 avril 1643. Sa présence est encore attestée en 1649, pendant les événements de la Fronde, quand il vient supplier la reine ANNE d’Autriche, réfugiée au château, de pardonner aux Parisiens assiégés. Il est également connu pour avoir fondé à Saint-Germain une Confrérie de Dames de la Charité. Un tableau du XIX° siècle rappelle cet événement dans la chapelle qui porte le nom du saint.

Les travaux d’amélioration de l’église se poursuivent activement entre 1649 et 1680. En 1649, le sol, insalubre, est muni d’un plancher tandis que la nef et le chœur sont surélevés. En 1651, d’importants travaux sont menés sur la toiture. La gravure d’Israël SILVESTRE date de cette période. Elle montre un édifice curieusement composite : si les deux clochers, aux pointes effilées, dans le style médiéval, sont probablement d’origine, la façade avec son porche est très moderne, dans le style de la Contre-Réforme. Curieusement, le bas-côté paraît plus long que la nef.

Manifestement les modifications successives de l’église n’ont pas répondu à un projet architectural cohérent, mais ont été effectuées en fonction de besoins du moment.

Le roi Louis XIV, très attaché à la paroisse de Saint-Germain en Laye, devenue paroisse royale sous FRANCOIS 1°, va participer aux financements d’importants travaux à partir de 1659. C’est d’abord la démolition de l’ancien clocher et son remplacement par une nouvelle tour, située à droite de l’entrée de l’église, permettant ainsi un agrandissement de la nef et un réaménagement de l’intérieur. Puis, en 1676, c’est un nouveau prolongement de la nef de près de six mètres, ce qui a nécessité le déplacement du porche d’entrée. La nef est alors au niveau du bas-côté. L’église a alors environ 50 mètres de long sur 20 mètres de large.

Le curé était alors Nicolas CAGNYE, prêtre très actif dans la paroisse, qui a donné un nouvel élan à la vie caritative et religieuse. Il a largement participé au financement de l’hôpital de la Charité.

Le 12 septembre 1681, pendant de nouveaux travaux d’agrandissement, une partie du chœur et de la nef s’écroule. C’est une véritable catastrophe pour la paroisse : l’église de Charles V, fragilisée par les campagnes de travaux successives, ne peut être aménagée. Une nouvelle construction s’impose.

Heureusement, très attaché à la paroisse, LOUIS XIV va financer l’érection de la troisième église.

III- L’église de LOUIS XIV

C’est à l’architecte du roi, l’illustre Jules HARDOUIN-MANSART que LOUIS XIV confie le soin d’édifier ce qui va être la troisième église Saint-Germain. Le Roi en contrôle étroitement les travaux dont il assure l’essentiel du financement.

L’église précédente est entièrement rasée et, en mars 1682, le duc de NOAILLES pose la première pierre du nouvel édifice. Il est achevé, performance extraordinaire, en un peu plus d’un an, puisque, le 10 avril 1683, veille des Rameaux, l’archevêque de Paris donne sa bénédiction à l’église.

Cette gravure qui aurait été remise au Roi le 5 septembre, jour de son anniversaire, nous permet de connaître l’aspect général de cette troisième église :

Dans un style totalement nouveau, le bâtiment reprend les principes généraux de l’église dite de Charles V, telle qu’elle était au moment de sa destruction, après les nombreux aménagements apportés au fil des siècles :

Comme la précédente, l’église tourne le dos au château, confirmant ainsi sa vocation d’église à la fois royale et paroissiale. Elle comporte deux nefs de même longueur et un clocher unique, décentré sur la droite de l’entrée. La décoration de l’ensemble est modeste, en dehors de la façade, richement ornée. L’église est sensiblement plus longue que la précédente, atteignant une soixantaine de mètres.

Sans l’aide importante du Roi (près de 120 000 livres), jamais la fabrique, assemblée des marguilliers ou administrateurs, clercs et laïques, de la paroisse, n’aurait été en mesure de financer la construction d’un tel bâtiment par un architecte aussi prestigieux. Elle n’en sortit pas moins de la campagne de travaux pratiquement ruinée et le Roi, très attentif au rayonnement de la paroisse, lui alloua une rente annuelle de 1 500 livres pour éponger ses dettes.

De plus, le Roi finança la construction d’un grand orgue, réalisé en 1698 par Alexandre THOIRY, facteur d’orgues du Roi, complété en 1709 pour atteindre quarante jeux. En 1710, LOUIS XIV fit don à la paroisse de la monumentale chaire, qui existe encore dans l’église. Destinée à la chapelle du château de Versailles, pièce abandonnée au profit de la merveilleuse chapelle actuelle, et devenue inutile pour une pièce ayant perdu toute vocation religieuse, elle vint décorer l’église Saint-Germain.

Si le Roi LOUIS XIV quitte Saint-Germain en Laye pour Versailles en 1682, un autre roi, JACQUES II STUART, chassé de son trône, s’installe en 1689 au château et, avec sa famille, devient un paroissien assidu de l’église Saint Germain. A sa mort, en 1701, il demande à être enseveli dans l’église. Son épouse, Marie de MODENE décède en 1718 et son corps rejoint celui de son époux.

Particulièrement reconnaissants à LOUIS XIV, les paroissiens, le clergé et les marguilliers s’attachèrent à célébrer leur généreux souverain par diverses manifestations. Outre des plaques commémoratives rappelant la générosité royale, une procession annuelle en l’honneur du Roi est instituée le 5 septembre, jour de son anniversaire. Après le décès du Roi, cette procession est remplacée par un service des morts.

Le culte du Roi et de la monarchie a été très important avant et après la Révolution et laisse encore des traces de nos jours, ne serait-ce que par le maintien du berceau de LOUIS XIV sur les armoiries de la ville.

La troisième église ne sera pratiquement pas modifiée au cours de sa relativement courte existence. On peut signaler la décoration, en 1720 du buffet de l’orge, avec deux anges en bois doré, encore présents de nos jours.

Dès 1765, LOUIS XV décide de remplacer l’église par un édifice plus vaste.

IV- La « quatrième église » : l’église actuelle

C’est un architecte réputé, Nicolas-Marie POTAIN, qui est chargé de proposer les plans d’une église beaucoup plus vaste, après la destruction de l’église de HARDOUIN-MANSART. Formé en partie en Italie, à Rome, POTAIN adopte un plan proche des églises paléo-chrétienne de la ville éternelle. C’est une rupture avec les errements en vigueur en France depuis la Contre-Réforme : églises baroques à l’Italienne. C’est un retour à des modèles antiques, avec un plan basilical, proche de Sainte-Marie Majeure de Rome.

Le projet comprend une façade impressionnante : un vaste portique de six colonnes doriques, surmonté d’un fronton triangulaire. La nef est supportée par des colonnes doriques et s’achève sur une abside semi-circulaire.

Mais l’innovation la plus sensible, en particulier pour les habitants de Saint-Germain en Laye est le changement complet d’orientation de l’église. Elle doit dorénavant faire face au château et n’est donc plus orientée vers l’est comme le veut la tradition. Nous ne connaissons pas les raisons de ce changement important.

La première pierre est posée en 1766, mais très vite, faute de moyens financiers, les travaux sont interrompus. Le coût des fondations nécessaires au nouvel édifice épuise rapidement la dotation royale, pourtant importante. Le chœur et une partie de la nef de l’église de Louis XIV ont déjà été détruits et les paroissiens se sentent à l’étroit dans ce qu’il reste de la nef et du bas-côté.

Devant les demandes réitérées de la fabrique, LOUIS XVI accepte de reprendre les travaux, mais sur des plans plus modestes, confiés à POTAIN aidé de son gendre Pierre ROUSSEAU. Mais les travaux sont à nouveau interrompus en 1789, avec la Révolution. A ce moment l’église n’est encore qu’à moitié construite.

La période révolutionnaire transforme l’église, toujours inachevée, en Temple de la Raison de la commune de Montagne-du-Bon-Air (nouveau nom de Saint-Germain en Laye) le 29 Frimaire de l’An II (19 décembre 1793) et une fête de la Raison est célébrée dans l’édifice par un citoyen MUSSET,  . Le 20 prairial de l’An III (8 juin 1794), le Temple est dédié à l’Être Suprême.

Si le Concordat du 15 juillet 1801 rétablit la paix religieuse en France, il faut aux paroissiens attendre le 29 décembre 1802 pour la nomination d’un nouveau curé, Jean-Pierre DIEULOUARD. La fabrique est reconstituée et la paroisse est de nouveau gérée par des marguilliers.

Ce n’est qu’en 1825 que les travaux reprennent. Les nouveaux architectes, MOUTIER et MALPIECE, respectent les grandes lignes du projet Potain, mais l’interprètent dans le style néoclassique de la Restauration. On retrouve le portique, les colonnes de la nef, le chœur en abside. L’emplacement du clocher de l’église de Louis XIV est inchangé, mais il marque dorénavant l’axe du chevet et ne domine plus la façade.

Le portique d’entrée de l’église est à la fois diminué en largeur et approfondi : les six colonnes prévues par Potain pour occuper toute la largeur de l’église sont réduites à quatre, pour donner au portique la largeur de la nef ; simultanément deux colonnes sont placées en retour, donnant ainsi une grande profondeur au porche. On retrouve l’entrée monumentale développée dans certaines églises parisiennes comme Saint-Philippe du Roule.

L’intérieur de l’église comporte une nef soutenue par des colonnes ioniques, un plafond à caissons, un arc triomphal d’accès au chœur, une abside voûtée en cul-de-four. L’église comporte deux bas-côtés.

L’église est consacrée en 1827, mais les travaux sont loin d’être terminés. En effet, le bâtiment présente rapidement un état de délabrement tel qu’une nouvelle campagne de travaux doit être lancée. Un concours est organisé à cet effet et c’est l’architecte Joseph NICOLLE qui va diriger la restauration de l’église, en respectant les plans de ses prédécesseurs. Ce n’est qu’en 1854 que l’église est achevée. Il reste à aménager la décoration extérieure et intérieure du bâtiment.

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Ce haut-relief est une très belle copie du XXe siècle de l’œuvre emblématique de la cathédrale de Parme due à Benedetto Antelami. Il représente, avec des personnages allongés typiques de la première période gothique. (Voir ci-dessous)

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Sujet	La descente de Croix
Lien	Aucun
Origine	Texte de Jean Claude Pelletier
	Les Amis du Vieux Saint-Germain
Date de révision	04/10/2023

« la Descente de Croix » d’Antelami

Dans le déambulatoire gauche, entre les chapelles Saint-Vincent de Paul et Saint Louis, se trouve, sous le tableau de la descente de Croix du chemin de Croix, un magnifique retable en pierre calcaire dure, proche du marbre.

Cette œuvre aurait été trouvée en Italie ou en Provence, au début du XX° siècle par le grand-père ou arrière-grand-père de l’ancien président du Chœur Saint-Germain, Gérard PAGES. Ce retable est resté dans la famille jusqu’au milieu des années 1990. A l’occasion du déplacement du cimetière vieux vers le cimetière neuf, en 1994, la famille de marbriers funéraires a déménagé et a décidé de confier ce retable sacré, alors brisé en deux morceaux, à la Paroisse Saint-Germain et c’est le Père THOMAS, alors curé et amoureux des arts plastiques sacrés, qui a accepté de le placer dans l’église, dans la chapelle Saint-Vincent, après avoir fait recoller les deux morceaux de l’œuvre et aménager un élégant socle. Profitant de la restauration de l’église, encore en cours, le Père Thierry FAURE, actuel curé, l’a déplacé à son emplacement actuel.

Cette œuvre remarquable est une copie d’une œuvre, attestée du sculpteur lombard ANTELAMI, œuvre de marbre, qui se trouve dans la cathédrale de Parme, en Italie.

Benedetto ANTELAMI (1150-1230) est un sculpteur de grande notoriété de la fin du XII° et du début du XIII° siècle. Son style est roman-provençal et il aurait travaillé au profit de l’église Saint Trophime d’Arles. Toutefois l’essentiel de son œuvre est en Italie, surtout à Parme, où il aurait travaillé de 1178 à 1214 sur la décoration de la cathédrale et du fameux baptistère, dont il pourrait être l’architecte. Il a également décoré la cathédrale de Fidenza et on lui attribue la porte principale ouest de la Basilique Saint-Marc de Venise. Il a accompli au cours de sa vie plusieurs voyages importants, dont un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle et des visites en Île de France et en Picardie. Il reste peu d’œuvres de ce grand sculpteur, un des plus connus de son époque.

Si le modèle de l’œuvre qui venait d’être donnée généreusement à la paroisse Saint-Germain était donc trouvé, rien ne permettait d’en connaître l’auteur, ni de déterminer la date et les circonstances de sa réalisation. Réparé (il était en deux morceaux) et placé sur un socle de marbre, il est mis en valeur dans le bas-côté gauche de l’église Saint-Germain. 

Grâce à la famille donatrice, on savait comment l’œuvre était arrivée dans notre ville. Le marbrier saint-germanois Arnaud-Marie Duperrier, qui a participé, entre autres, à la construction de la Cité Médicis de notre ville, était un grand amoureux de l’Italie et a ramené le retable de l’un de ses voyages, donc avant 1924, année de son dernier périple italien. 

Plusieurs hypothèses se présentaient aux membres de l’Association Arts, Cultures et Foi (ACF) de la paroisse : une copie faite par l’artiste, connu pour réaliser souvent plusieurs copies de ses œuvres, donc, vers 1178 ; une copie réalisée par un autre artiste au cours des siècles suivants ; l’œuvre d’un faussaire car le trafic d’œuvres anciennes était florissant et lucratif à la fin du XIX^e et au début du XX^e siècles.

Une analyse rapide de l’œuvre par Guillaume Glorieux, historien d’art et membre de l’ACF, amenait à privilégier la dernière hypothèse. Mais le mystère demeurait entier. 

En 2017, Romano Ferrari, président pour la France du Fondo per l’Ambiente italiano, société créée en 1975 pour la préservation des biens culturels italiens, prend contact avec la paroisse Saint-Germain au sujet du retable d’Antelami. Il s’était pris d’une grande passion pour l’œuvre, au point d’écrire un roman, « La déposition maudite »paru en 2016. C’est une sorte de roman historico-policier inspiré du fameux Da Vinci Code … 

Avec le concours de notre ami Christian Barthe, également membre d’ACF, Romano Ferrari confie l’étude scientifique de l’œuvre à Alessia Coccato, brillante universitaire italienne à l’université de Parme, docteur en archéologie, en 2017 et 2018. 

Elle note des différences sensibles entre le retable de Parme et celui de Saint-Germain, ce qui permet de douter qu’il s’agisse d’une copie effectuée par Antelami lui-même. Quant à l’étude de la pierre, elle montre qu’il s’agit de calcaire d’Istrie, roche très résistante à l’humidité, beaucoup utilisée dans les constructions vénitiennes. Son ancienneté géologique ne permet évidemment pas de dater la sculpture. C’est donc par l’étude détaillée des pigments des inscriptions que la période de la réalisation de la déposition de Saint-Germain-en-Laye a pu être déterminée. Or l’un des pigments, d’origine synthétique, n’a été utilisé qu’à partir de 1899, ce qui permet de situer entre cette date et 1924, année du dernier voyage en Italie d’Arnaud-Marie Duperrier, la sculpture du « faux » Antelami.

Romano Ferrari a recherché les sculpteurs de l’époque susceptibles d’avoir réalisé cette œuvre. Le plus probable est Alceo Dossena, sculpteur italien connu pour avoir réalisé et vendu des copies d’œuvres du Moyen Âge entre 1907 et 1915. Mais avait-il travaillé sur les œuvres d’Antelami ? Soucieux de poursuivre ses recherches, Romano Ferrari trouvait, en 2019 le journal de poche d’un critique d’art et directeur d’un musée de Rome, Ludwig Pollak, mort en 1943 à Auschwitz, dont voici un extrait : « Dossena devint tailleur de pierre et s’installa à Parme en 1908, où il commença avec des copies, dont la Déposition de Croix de Benedetto Antelami dans la cathédrale ».

La minutieuse enquête a donc porté ses fruits et l’auteur de la Déposition de Croix de l’église Saint-Germain est très probablement le sculpteur Alceo Dossena, qui a réalisé ce beau retable vers 1910, à Parme. 

Quelle que soit son origine, ce retable est une œuvre exceptionnelle, tant par sa qualité artistique que par son approche religieuse. Comme pour les sculptures des frontons et chapiteaux des églises romanes, la scène décrite est manifestement à usage didactique, au profit d’une population composée alors d’un nombre important d’illettrés. Par ailleurs, elle s’inscrit dans une vision de la religion de son époque, le XII° siècle, alors que le peuple juif était considéré dans son ensemble comme les assassins du Christ. Pour ajouter à la compréhension du sujet, par les clercs en charge de l’édification du peuple chrétien de l’époque, de nombreuses inscriptions en rouge et noir décrivent les différentes composantes de l’œuvre.

Une inscription, qui fait toute la longueur du retable, de part et d’autre de la croix indique l’année de réalisation de l’œuvre : 1178 et le nom du sculpteur, Antelami.

La croix du Christ découpe l’espace en deux parties bien distinctes. Au centre, le Christ mort, dont le bras droit est déjà détaché, est soutenu par Joseph d’Arimathie, ce noble juif qui a proposé le tombeau pour le crucifié. Sur une échelle, Nicodème va retirer le dernier clou qui attache le Christ à la Croix.

A droite du Christ, côté vers lequel se tourne sa tête, ce sont les disciples, pour Antelami, les chrétiens…

…à sa gauche, les juifs et les païens, romains et autres

Les chrétiens, rangés les uns derrière les autres dans une attitude d’adoration et de douleur sont, de la Croix vers l’extérieur : la Vierge Marie, qui tient dans sa main la main droite de son Fils, aidée en cela par l’archange Gabriel qui survole l’assemblée des chrétiens. Derrière Marie, on trouve successivement l’apôtre Jean, « apôtre préféré du Christ », puis les trois femmes qui vont accompagner Jésus à son tombeau et découvriront la disparition du corps le dimanche matin. Marie Madeleine est la première, suivie de Marie Jacobé, la mère de saint Jacques, enfin de Salomé ou Marie Salomé, la mère des deux Zébédé, Jacques et Jean.

Devant la Vierge Marie, une jeune fille porte dans sa main gauche la hampe d’un fanion sur lequel est inscrit « Ecclesia ». Elle représente donc la jeune église du Christ et tient dans sa main droite un calice, dont on peut penser qu’il est destiné à recueillir le sang du supplicié.

Pour insister sur la lumière qui baigne l’église des chrétiens, le coin gauche supérieur du retable est orné d’une tête souriante, indiquée sol, donc soleil qui éclaire le jour et illumine les disciples du Christ.

À gauche du Christ, les païens sont serrés les uns contre les autres, comme effrayés par le geste qu’ils ont commis. Le premier des six personnages composant ce groupe est le centurion (comme indiqué sur son bouclier). Sa main droite est dirigée vers le haut et l’on peut en déduire qu’il est ce centurion qui a déclaré, à la mort de Jesus : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

Devant le groupe, une jeune fille tient la hampe brisée d’un fanion, tourné vers le sol. Elle représente la synagogue, donc l’église des juifs, de ceux qui ont demandé la mort du Christ. Elle est contrainte à baisser la tête par la main de l’archange Raphaël, qui, en pendant à Gabriel, survole cette partie du retable.

Au premier plan, un groupe de quatre hommes, sans doute des soldats romains, semble vouloir se partager la tunique du Christ, chacun d’eux la tenant à la main et l’un d’eux tenant un glaive dans sa main droite. Mais, ils vont en fait la jouer aux dés, dés que l’on peut voir dans la main droite du joueur de droite : les dés indiquent les chiffres un, deux et trois et peut-être que par ce biais, Antelami a-t-il voulu rappeler la Trinité.

En pendant à la figue du soleil, on trouve une figure triste, indiquée « lune », signe de la nuit et des ténèbres.

Par sa riche symbolique, le retable d’Antelami est un moyen extraordinaire d’expliquer tout ce que contient la mort du Christ, en prenant bien en compte qu’il s’agit d’une œuvre du Moyen âge et non d’une œuvre moderne.

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Tombe de Jacques II, dernier roi d’Angleterre de la maison des Stuarts, mort en exil (Jacques VII d’Ecosse). Lors des travaux de construction de l’église actuelle, des urnes en plomb furent retrouvées comprenant une partie des entrailles de Jacques II et de sa fille. (Voir ci-dessous)

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Sujet	Visite guidée
Lien	Aucun
Origine	Texte de Dominique Hartog
Date de révision	08/08/2023

1. Sur le parvis : l’histoire de l’édifice et le style néo-classique

Vous êtes en face du plus beau monument de St Germain, après le château, au point culminant du plateau à 90 mètres d’altitude.

C’est un édifice néo-classique, classé Monument historique en 1937. Cependant ce n’est pas la première église construit à cet emplacement, mais la quatrième.

La première église est celle d’un prieuré fondé entre 1020 et 1028 à l’emplacement même de notre église actuelle. C’est le roi Robert II le Pieux qui a ordonné la construction d’une église dédiée à saint Vincent et d’un petit prieuré dédié à saint Germain de Paris. Or, cet endroit étant encore une forêt à l’époque, ce prieuré s’appela Saint-Germain in laia, c’est-à-dire « en forêt » dans le latin de l’époque – d’où le nom actuel de la ville ! De cette fondation, la plaque gravée sur le pilier gauche de l’entrée du chœur garde le souvenir.

En 1346, en pleine Guerre de Cent-Ans, le prieuré, la ville et une partie du château furent incendiés par les Anglais. Le roi Charles V fit reconstruire une église, qui devint paroisse royale et qui fut agrandie au fil des ans jusqu’à s’écrouler en 1682 – année du départ de Louis XIV pour Versailles. 

La troisième église fut la plus éphémère. Commandée par Louis XIV à Jules Hardouin-Mansart, elle fut construite en un an seulement. Mais 80 ans après, elle était déjà trop petite et en mauvais état, ce qui conduisit Louis XV, en 1765, à en décider la destruction progressive. Son souhait que l’entrée de l’église soit face au château imposa de la désorienter.  En 1789, la Révolution et le manque d’argent interrompirent la construction : l’église n’est qu’à moitié construite. Elle fut achevée en 1827.La construction de cette quatrième église a adopté le style en vogue alors : le style « néo-classique » (néo, du grec « neos », nouveau). Ce courant architectural s’était développé dans toute l’Europe à la suite des fouilles de Pompéi et d’Herculanum, au cours de la seconde moitié du XVIII^ème et de la première moitié du XIX^ème. Il a connu un certain engouement dans la région : Saint-Thomas-de-Villeneuve, Saint-Louis de Port-Marly, Saint-Symphorien de Versailles, et surtout à Paris : Sainte-Geneviève (le Panthéon), La Madeleine, Saint-Philippe-du-Roule, Saint-Louis-d’Antin, Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Saint-Denys-du-St-Sacrement ; et sous la Restauration : Notre-Dame-de-Lorette et Saint-Vincent-de-Paul, les lignes devenant alors moins pures et la décoration plus chargée. Dans le cas de notre église, l’extérieur adopte des lignes sobres dix-huitième, et l’intérieur apparait plus dix-neuvième,les travaux de décoration se poursuivant jusqu’au milieu de ce siècle.

Ce style utilise les éléments gréco-romains (colonnes, frontons, proportions harmonieuses). Il fait suite aux mouvements classique (précurseur, s’inspirant déjà de l’antiquité gréco -romaine  et adepte des lignes pures et de la symétrie), et rococo.

L’édifice s’inspire des basiliques paléo-chrétiennes (du grec « palaios », ancien). Qu’est-ce qui a conduit l’adoption de cette architecture d’origine païenne dans l’art chrétien ? Il faut remonter à l’an 313 : Constantin, avec l’édit de Milan, autorise la religion chrétienne. A cette date, 5% seulement de la population de l’empire est déjà chrétienne. 80 ans après, Théodose déclare le christianisme religion officielle et interdit les autres. Pour faire face à un développement aussi rapide et accueillir des grandes foules, les architectes répliquent alors les plans des basiliques civiles, bourses de commerce, très vastes pour recevoir les marchandises, très claires pour les voir. Cette architecture n’a donc rien à voir avec les temples païens, dont l’accès était réservé aux prêtres, et qui étaient de taille modeste et rendus sombres et mystérieux par l’absence d’ouvertures. La clarté, au contraire, est la marque du Christ : il est la « lumière du monde » et « celui qui le suit ne marche pas dans les ténèbres, mais a la lumière de la vie » (cf. Jn 8,12). La statue de l’empereur qui trônait dans les absides des basiliques disparaît au profit de la cathèdre de l’évêque ou de l’autel.

L’édifice est tétrastyle (4 colonnes en façade, sans compter les 2 en retour), les colonnes sont toscanes (doriques sans cannelures, l’un des deux ordres inventés par les romains, s’ajoutant aux colonnes doriques, ioniques et corinthiennes héritées des Grecs). Le Fronton triangulaire est de même agrémenté d’un haut relief Réalisé par Jules Ramey en 1850. Il représente la Religion tenant la croix entourée des 3 vertus théologales : la foi adorant à genoux, l’espérance avec une ancre et la charité avec enfants et vieillard. Les 4 évangélistes sont figurés conformément aux écrits des pères de l’église reprenant les visions d’Ézéchiel (Ez 1,10) et de saint Jean (Ap 4,7). Les symboles comme à l’accoutumée correspondent au début de leur évangile. Mathieu est représenté par un homme ailé pour la généalogie du Christ, Marc par le lion pour le prédicateur, la voix qui crie dans le désert ; Luc a le taureau pour Zacharie le sacrificateur dans le temple, et Jean a l’aigle pour le verbe et la pensée.

• Vue d’ensemble de l’intérieur, à la grande porte

Mettons-nous à l’entrée dans l’allée centrale et fermons à moitié les yeux : ce que nous voyons évoque  la Basilique Sainte Marie Majeure de Rome :mêmes rangées de colonnes ioniques, même plafond à caissons, certes beaucoup moins doré, même arc triomphal, même abside avec voûte en cul de four, même plan basilical à 3 nefs parallèles, des médaillons comme à Saint-Paul-hors-les-murs, dans le déambulatoire.

Certes (pour des raisons de coûts et d’habitude architecturale) : au sol, pas de mosaïques de marbre des Cosmati, mais de la pierre, pas de mosaïques sur les murs, mais des fresques, pas de marbre sur les murs et pour les colonnes, mais de la pierre couverte d’enduit.

En plus, un déambulatoire, un transept, et surtout des mobiliers venant des églises précédentes, qui contribuent au charme de l’église. 

Venant de la troisième église le magnifique buffet d’orgues pour les orgues commandées et données par Louis XIV en 1698. Elles furent déplacées en 1827, reconstruites en 1852 par Cavaillé-Coll, enfin entièrement reconstruites en 1903 par Charles Mutin. A cette occasion le buffet d’orgues a été très adroitement agrandi, l’ancien étant adapté à la troisième église plus étroite. Comme dans beaucoup d’églises, ici le buffet est plus ancien que l’instrument (« organon » en grec). L’orgue du chœur de 1889 est lui aussi classé monument historique.

La chaire, sur le côté gauche, du côté de l’évangile, a été également offerte par Louis XIV,  en 1710. Elle vient de la première chapelle du château de Versailles, et a été envoyée ici suite à la construction de l’actuelle Chapelle Royale, tandis que l’église Saint-Vigor de Marly a bénéficié de son maître autel, encore en place. Elle était peinte en blanc, bleu et or. Le lion est plutôt un lion Médicis, couché, que celui de Saint Marc, il pose en effet sa patte sur une boule. L’abat-voix a été largement remodelé, et comporte comme à l’habitude une colombe, qui rappelle que la prédication n’est pas d’abord une affaire d’éloquence, mais une œuvre de l’Esprit Saint qui inspira l’Écriture et maintenant ouvre la bouche du prédicateur et les oreilles et les cœurs de fidèles. 

D’autres meubles de l’église précédente sont disposés dans la chapelle de la Vierge, située comme la tradition le privilégie à gauche, (à droite du Christ). 

Vous ne pouvez qu’entendre, et datées de 1559 : quatre des six cloches.

3) A l’entrée de l’église

Toujours au fond de l’église et traditionnellement à l’entrée (premier sacrement qui permet d’être chrétien) : les fonts baptismaux. Ils sont souvent à gauche dans une église orientée, donc au Nord-Ouest, métaphore de la sortie de l’ombre humide par le baptême, vers la chaude lumière ; ici certains disent que symboliquement l’eau qui s’échappe du côté droit du Christ de l’abside vient remplir la fontaine baptismale. De forme ovale, comme le berceau de Moïse, la cuve baptismale vient de la deuxième  ou la troisième église. 

Placé plus récemment à côté : un tableau de 1750 venant de la chapelle du château du ministre Machaud d’Arnouville peint par Natoire, et représentant le baptême du Christ. Monument historique, il bénéficie de coloris chauds, d’une lumière dorée et d’une mise en page monumentale. Jean Baptiste est vêtu d’une peau de chameau et comme souvent brandit une houlette en forme de croix préfigurant la mort du Christ ; sur la banderole est inscrit sûrement : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (« Ecce agnus Dei »), parole de Jean-Baptiste, et désormais du célébrant, avant la communion.

Faisant pendant, un Christ cloué sur la croix du peintre belge Ansiaux, réalisé en 1828, et de bonne facture, pour ce portraitiste.

De l’autre côté se trouve le monument funéraire du roi Jacques II Stuart. Lors des travaux de construction de l’église actuelle, des urnes en plomb furent retrouvées comprenant une partie des entrailles de Jacques II et de sa fille. Roi d’Angleterre et d’Ecosse de 1685 à 1688, avait été détrôné parce que catholique (marié en secondes noces à une catholique, et père cette année-là d’un héritier catholique), par son gendre et neveu Guillaume d’Orange. Il était arrière-petit-fils de Marie Stuart, et petit-fils d’Henri IV, donc le cousin germain du roi Louis XIV. Ce dernier l’accueillit grandement et lui laissa Saint-Germain. Lui et sa femme y vécurent jusqu’à leur mort en état de sainteté. Une fois disparu son corps fut transféré à la chapelle des bénédictines de la rue Saint-Jacques et resta entouré de cierges allumés jusqu’en 1789, mais il avait souhaité qu’une partie de ses entrailles et de son cerveau restent à Saint Germain. Dans les années 1830, le roi des Français et le roi d’Angleterre Georges IV financèrent ce monument de style antique romain. La reine Victoria en pèlerinage fit peindre sur les murs les armes de la famille royale d’Angleterre (celles utilisées depuis les premiers rois Stuart d’Angleterre et d’Ecosse jusqu’au début du XIXe siècle, les léopards étant écartelés avec les fleurs de lis et le lion d’Écosse étant présent). A la recherche de leur prédécesseur un peu liés par le sang, vinrent également, l’empereur Guillaume Ier d’Allemagne en 1870, et dans les années 1990, le futur roi Charles III d’Angleterre, lointain successeur de Jacques II et Charles II, frère ainé de Jacques II, fils de Charles Ier décapité.

La trappe permettait jusque dans les années 60 de déposer jusqu’à trois cercueils les veilles d’enterrements et d’installer à cet endroit des chapelles ardentes.

4) Les fresques d’Amaury-Duval

Les fresques d’Amaury-Duval constituent un ensemble remarquable par leur unité leur étendue, et leur nombre 50. Eugène Pineu-Duval dit Amaury Duval, élève d’Ingres et marqué lors de son voyage en Italie par Fra Angelico et Raphaël, les réalisa entre 1849 et 1857. L’écrivain Baudelaire parle de goût immodéré pour la distinction et les tons excessivement palis. Maurice Denis le qualifie « d’esprit original, délicieux et tendre ». Il exécuta ses compositions a fresco a giornato, selon la même technique que les primitifs italiens qui consistait à couvrir de couleurs dans la journée l’enduit frais, pour cela aidé par 3 élèves. Tous les fonds sont or, rappelant le ciel des mosaïques les plus anciennes, le piment ocre jaune utilisé étant moins onéreux.

1. Dans la nef

Un véritable parcours de la vie et de l’enseignement de Jésus nous mène à l’abside et son Christ en gloire entouré des saints qualifiés par leur vertu, et à notre vocation, la sainteté. Les peintures de la nef sont pleines de vie de mouvement et se différencient de la grande peinture de l’abside plus raide. En effet, Amaury-Duval, qui avait commencé par l’abside, au fur et à mesure améliora sa technique pour les peintures des panneaux latéraux ; certains, pardonnant cette raideur, parlent des figures hiératiques de l’abside comparables à celles de l’époque byzantine.

En partant du fond, à droite, en se concentrant sur les grandes fresques (les petites adoptent le thème de la grande qu’elles entourent), on voit un beau cheminement, une progression vers le sommet : 

• Merces : en français « salaire », représente la parabole des ouvriers de la dernière heure, bien entendu vers l’entrée de l’église.
• Misericordia : le pécheur, enfant prodigue rentré au bercail est pardonné par son père ; les deux petites fresques adoptent un thème voisin : la brebis retrouvée, la pièce retrouvée (ces trois paraboles sont successives dans l’Evangile selon saint Luc).
• Redemptio : c’est la crucifixion du Christ livré de lui-même pour nous et son dernier message. Elle se trouve naturellement en face de la chaire, car le prédicateur, dans les chaires promues par le concile de Trente, avait généralement face à lui un crucifix pour se rappeler ces mots de saint Paul aux Corinthiens : « je ne suis pas venu vous annoncer le témoignage de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié » (1 Co 2,1-2).

De l’autre côté en partant du fond :

• Humilitas : le repas festif chez le chef des pharisiens (Lc 14,7-11) : « Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place ».
• Charitas : la parabole du bon samaritain. De part et d’autres : une femme du livre des proverbes mettant de l’argent dans un tronc (Pr 31,20), et une glaneuse qui donne, « sa main gauche ignorant ce que fait la main droite » (cf. Mt 6,3).
• Verbum : le sermon sur la montagne, placé à juste titre au-dessus de la chaire, qui fait face à la crucifixion. Il est entouré, d’un côté, de la femme à qui Jésus dit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu » (Lc 11,28) ; également le semeur puisque la semence c’est la parole de Dieu, puis un texte de Paul la foi vient de la prédication.

La première fresque de chaque côté vers l’entrée parait en partie coincée par l’orgue, depuis qu’en 1903 le buffet a été élargi. De chaque coté de l’orgue il y avait un début de fresque désormais visible uniquement par l’organiste.

• Dans l’abside (saillante, visible de l’extérieur)

Le Christ en majesté est celui du jugement dernier tel qu’il est évoqué par l’Evangile selon saint Matthieu (25,31-46), comme l’explicite d’ailleurs l’inscription : Venite benedicti Patris mei possidete paratum vobis regnum a constitutione mundi. Vêtu d’une tunique rouge (symbole de sa divinité) surmontée d’un manteau bleu (symbole de l’humanité qu’il a revêtue), il étend les bras et ouvre ses mains pour montrer ses stigmates, tandis que sa tunique écartée laisse apparaître la blessure de son côté droit. De chaque côté convergent deux cortèges de saints regroupés selon leur vertu, inscrite au-dessus de leur tête :

• A la droite du Christ les vertus fides (saints Germain, Marthe, Geneviève), charitas (Martin, Élisabeth de Hongrie, Jeanne de Chantal) et humilitas (Jacques le mineur, Joseph et Louis).
• A la gauche du Christ les vertus penitentia (les trois pécheurs repentis que sont Marie-Madeleine, le bon larron et Marie l’Égyptienne), gratias (le centurion (le seul sans auréole, c’est donc celui qui demande que son esclave soit guéri ; en effet Corneille, qui est baptisé dans les Actes des apôtres, et saint Longin avec sa lance, devinrent saints et évêques d’après la tradition), saint Paul et saint Augustin) et martyrium (saints Etienne, Laurent et Denis). Remarquons d’ailleurs une importante différence avec le jugement dernier de saint Matthieu. Dans le récit de l’évangile, à gauche du Christ sont placés les « boucs » destinés à la « damnation éternelle », comme on le voit dans les tympans médiévaux extérieurs dont le plus fameux est celui de Conques. Ici, ceux qui sont placés à gauche du Christ reçoivent également en héritage le Royaume. Cependant leur sont associées les vertus qui effacent les péchés qui les auraient conduits à la « damnation éternelle » : la pénitence qui fait renoncer au péché, la grâce qui en relève, et le martyre qui, plus que tout, comme « baptême du sang », conduit au paradis.

• Dans les chapelles

Amaury-Duval et ses élèves réalisèrent également l’ensemble des fresques des voûtes en cul-de-four de chaque absidiole, caractérisant la vocation de chaque chapelle.

Bas cotés gauche : 

• la chapelle des fonts baptismaux bénéficie d’une peinture de saint Jean Baptiste ;
• la chapelle Saint-Vincent-de-Paul a pour thème la charité, tandis que le tableau du retable de 1828 montre saint Vincent présentant le sort des enfants trouvés aux dames de la cour ; 
• la chapelle Saint Louis (né à Poissy et depuis patron de notre diocèse), au départ destinée à la confession, représente Jésus, déjà ressuscité, vêtu de blanc, enseignant ses disciples, tandis que le retable relate saint Louis pieds nus, dans Paris, portant la couronne d’épines.

Du côté droit : 

• la chapelle du Sacré-Cœur, dédiée au départ à Saint Germain;
• la chapelle Saint Joseph, autrefois destinée aux confessions, représente Marie Madeleine repentante au banquet chez Simon (cf. Lc 7,36-50), le peintre s’étant représenté parmi les convives ;
• la chapelle saint-Charles-Borromée (il y avait une confrérie sous ce vocable à Saint Germain, il aurait promu dans l’église catholique les confessionnaux) ;
• le tombeau de Jacques II avec Saint-Georges. 

Enfin, une assomption dans la chapelle de la Vierge. 

Les différentes chapelles permettaient aux prêtres plus nombreux, de célébrer la messe tôt le matin.

Les décors au pochoir des murs des chapelles sont d’une autre facture mais donnent chaleur, élégance et charme à l’église. Ils datent également du milieu du XIXe siècle, mais ont été restaurés et redécouverts pour certains en 2015, de même que les modernes réalisés par Paul Véra en 1954 et qui avaient également été badigeonnées.

Le haut-relief est une très belle copie du XXe siècle de l’œuvre emblématique de la cathédrale de Parme due à Benedetto Antelami. Il représente, avec des personnages allongés typiques de la première période gothique : 

• Au centre, le Christ après sa mort, pendant la déposition de la croix. 
• A la droite du Christ : saint Jean vénérant le côté ouvert, Marie-Madeleine portant un flacon de parfum, la Vierge Marie, Joseph d’Arimathie et les trois saintes femmes. Leur cortège est survolé par l’ange Gabriel et, dans le coin supérieur gauche, éclairé du soleil. Le soleil et la lune symbolisent à la fois ceux qui ont reçu ou non la bonne nouvelle, et l’éclipse au moment de la mort du Christ.

A la gauche du Christ : Nicodème juché sur une échelle, la synagogue et son oriflamme brisé, le centurion portant son bouclier, cinq hommes représentant les nations et quatre soldats tirant au sort la tunique. Au-dessus d’eux, l’ange Raphaël, guérisseur de tous les hommes, et la lune en coin.

5) Le chœur et la chapelle de la Vierge

Au pied de l’arc triomphal à gauche : le rappel du vœu de Louis XIII qui décida de mettre son Royaume sous la protection de la Vierge en 1638 et institua le 15 août férié ; cette consécration de la France fait suite à la mission organisée par saint Vincent de Paul à Saint-Germain, la naissance d’un héritier annoncée à Louis XIII et une victoire emportée sur les Espagnols.

Dans le chœur on remarquera sur l’autel moderne en bois (comme le bois de la croix) un bas-relief en bois d’époque renaissance représentant 3 femmes incarnant la tempérance, la foi et l’espérance ; sur l’ambon (en grec petit sommet, venant du verbe monter) de 2004 à gauche, du côté de l’évangile, le sculpteur a repris les mêmes motifs sur les colonnettes que ceux du bas-relief de l’autel, et les symboles des 4 évangélistes sont sculptés dans l’ordre des textes du Nouveau Testament. Les quatre évangélistes sont également peints aux quatre coins du cœur dans un ordre différent. 

Le lutrin à gauche de l’autel, date du Roi-Soleil.

Le maître-autel en marbre et en jaspe début XXe est surélevé pour des raisons de visibilité, autel vient du latin altare, et altus ; il est précédé des 3 marches de la Trinité et comme un trône, reproduit également dans la fresque de l’abside. La pierre dont est faite l’autel signifie le Christ lui-même, rocher d’où sort l’eau vive, pierre rejetée des bâtisseurs, devenue par sa résurrection la pierre d’angle (cf. Mt 21,42 ; 1 P 2,4s). De style éclectique, il adopte des références antiques avec ses pilastres colonnettes et le fronton de son tabernacle (tente de l’arche d’alliance) . Les beaux pique cierges en bronze doré sont Napoléon III ; comme souvent au nombre de trois, et positionnés de part et d’autres de la croix qui surplombe l’ensemble et rappelle que la messe est le mémorial de la Passion.

Dans la chapelle de la Vierge se trouvent quelques éléments datant de la troisième église : les colonnes entourant l’autel, et la grille de la table de communion avec ses soleils. Sont remarquables également la statue de la Vierge (du XVIIIe s.) et le très beau crucifix de 1620, ainsi que les anges en bois doré, les stalles simples.

Notre-Dame dite « du bon retour », vierge déhanchée du quatorzième siècle en pierre des carrières du Mesnil-le-Roi, retrouvée en 1775 lors de la reconstruction de l’église actuelle, fut installée à cette place actuelle en 1868, après un passage dans le jardin puis dans la sacristie, sans doute sur les conseils de l’architecte Millet.

Dans le déambulatoire :

Depuis la chapelle de la Vierge vers celle du Sacré-Cœur, on trouve quatre vitraux dans cet ordre :

• Saint Germain et saint Vincent ;
• Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ;
• L’évocation de deux vœux à la Vierge Marie : en 1638, Louis XIII lui consacre la France, et en 1944 la ville de Saint-Germain se consacre à Notre-Dame-de-Lourdes ;
• Saint Erembert éteignant les flammes d’un incendie et saint Léger bénissant ses bourreaux

Le vitrail de sainte Thérèse a été réalisé en 1928 par Albert Martine, peintre verrier proche de Maurice Denis, les trois autres après 1945 par les Frères Mauméjean.

Les 12 apôtres sont dans des médaillons un peu comme les papes le sont à Saint-Paul-hors-les-murs et sont espacés jusque dans les bas-côtés.

La statue L’au-delà, sculpture en marbre de grande taille, a été réalisée en 1913 par Honoré Icard, sculpteur saint-Germanois de renom (on lui doit aussi celle d’un jeune garçon désormais sans bras dans le jardin des Arts).

L’architecte a prévu une entée, sans doute pour rappeler l’entrée de l’église précédente qui était bien orientée.

Enfin, dans la sacristie, on admire le crucifix le Christ en Ivoire offert en 1804 à une délégation de saint-germanois venus voir le pape Pie VII, contraint de séjours en France. Dans la vitrine sont gardés diverses pièces d’orfèvrerie et d’anciens livres liturgiques, ainsi que des objets ayant appartenu à l’abbé Pierre de Porcaro : quelques lettres, le calice qui lui avait été offert par sa famille, et le ceinturon scout qu’il avait emporté au S.T.O. pour être discrètement reconnu comme prêtre par les ouvriers avec lui déportés. Vicaire de la paroisse et mort en déportation a Dachau, le père de Porcaro reste une figure importante de l’histoire de la ville et de la paroisse. Le séminaire de Versailles est placé sous son patronage et sa cause en béatification, en cours, a pour postulateur un prêtre du diocèse.

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